top of page

Pierre Mabille

 

 

 

Lister

 

António je t'écris cela le lendemain de cette marche à Paris qui manifeste la nécéssité de défendre un rapport au réel et au langage que l'art manifeste depuis toujours contre les obscurantismes… Pas historien et encore moins théoricien, j’ai du mal à trouver un titre de ce qui pourrait constituer une contribution à ce projet. Ma pratique, qu'elle soit picturale ou écrite, est habitée par le rêve peut-être illusoire qu'elle se suffit à elle-même, et qu'à la fois elle n'isole pas une seule idée, un seul problème, un seul objectif, et c'est pour cette raison que les séries, la répétition, les listes et assemblages jamais finis de fragments, sont les outils par défaut qui progressivement sont devenues ma méthode. Cette utopie n'est pas totalisante car elle comporte une part de jeu avec de la légèreté, (comme quand les enfants simulent des situations fictives en disant "on aurait dit que tu serais un monstre et moi un héros etc…"). Listes pour échapper à l’enfermement que produit la définition d’une forme, d’un signe, d’une idée, d’un mot, d’une couleur…listes pour produire de l’infini à partir de ces perceptions que le langage, les usages, ou l'oubli enferment dans la grisaille des conventions. “Infinir” est un mot que j’invente pour creuser dans la polysémie et pour libérer la poésie la beauté ou les vertiges contenus dans les formes et les mots. Mon titre serait LISTER, et les formes de mes contributions en découleraient: listes ouvertes et digressions qui liquident les contours.

(12.1.2015)

bottom of page